Guider un déficient visuel, un aveugle ou un malvoyant en course à pieds en toute sécurité

Guider en toute sécurité un déficient visuel (malvoyant, aveugle..) en course à pied
(et en marche à pied), comment ça marche ?

La confiance est un élément clef d’une expérience de marche ou course à pied réussie.

Le coureur déficient visuel (DV) compte sur le guide pour l’aider à minimiser le risque de heurter des obstacles ou de trébucher lors d’une sortie.

Avant de se lancer…

Le coureur DV et son guide discutent des limites et des attentes de chacun. Les façons de guider peuvent varier d’un DV à l’autre. Comme il existe plusieurs méthodes de guidage (avec ou sans cordelette), c’est au DV de déterminer la méthode qui lui convient le mieux en accord avec son guide qui exprimera également ce avec quoi il sent à l’aise

  • Pour une plus grande visibilité, porter une chasuble floquée ou un t-shirt de couleur voyante avec la mention GUIDE, MALVOYANT ou NON-VOYANT. Cela préviendra les autres coureurs, les marcheurs et les cyclistes de notre particularité. Ce signe distinctif est avant tout un élément de sécurité.

  • Échanger sur la durée, l’allure et le parcours de votre séance.

  • Il est essentiel que le guide soit concentré et à l’aise dans le guidage. Le guide doit être donc à l’aise avec l’allure et la distance demandée par le DV.

Les 5 règles d’or du guidage…

  1. COMMUNIQUER : la voix du guide est essentielle pour une mise en confiance du DV. Une voix assurée et bien audible rassurera. C’est elle qui renseigne le DV sur la typologie du sol, les pentes et les virages.

  2. ÊTRE CONCENTRÉ : le guide maintient son attention sur toute la durée de la sortie. C’est important d’échanger avec le DV, d’expliquer l’environnement et de motiver. Mais avant tout, il faut garder sa concentration pour gérer les risques, c’est la fonction essentielle du guide. C’est pour cela aussi que l’on considère que le guidage aide à développer des qualités de concentration et d’acuité.

  3. CONTRÔLER TOUT SON ENVIRONNEMENT : au sol, autour de soi, en hauteur, pour éviter que le DV ou le guide ne heurtent un obstacle ou trébuchent. 

    • Au sol : signaler les irrégularités du terrain (pavés, ralentisseurs, rigoles, flaques, trous, bosses, racines, pierres, cailloux…), les chaussées glissantes, les marches, les montées et descentes (même légères), les virages…

    • Autour de soi : le guide est attentif aux autres personnes, enfants, animaux, véhicules à 360°, objets fixes…

    • En hauteur : signaler les branches ou toute autre limitation de hauteur.

  4. ANTICIPER : la gestion des obstacles doit être annoncée à l’avance. 

    Le mot « Attention » ne va pas renseigner les DV sur le bon geste. 

    Pour anticiper, il faut voir plusieurs mètres devant et identifier les obstacles.

    La gestion des obstacles est annoncée quelques secondes en avance.

    Par exemple, en contournant un trou, on évite un risque de blessure à la cheville.

  5. ÊTRE RÉACTIF : parfois des arrêts d’urgence sont nécessaires. Par exemple, lors de la rencontre inopinée d’un vélo, d’une voiture, d’un piéton ou d’un animal en liberté. Dans ce cas, ne pas hésiter à saisir le poignet ou à placer votre bras devant le torse de votre partenaire de façon protectrice afin de le stopper.

Les techniques de guidage

Le guidage avec cordelette : un coureur DV et son guide sont liés par une cordelette suffisamment lâche pour bouger les bras. 

  • C’est le DV qui apporte sa cordelette, plus ou moins longue selon son choix. Il choisira aussi le côté de guidage et l’écartement souhaité. 

  • Une légère flexion de la cordelette à gauche ou à droite permettra de diriger le DV. Rapidement, les foulées du guide et du DV s’accordent naturellement. 

  • Dans un souci de confort, il est recommandé de bien synchroniser le mouvement des bras reliés par la cordelette. N’hésitez pas à changer de côté en cours de séance, après accord du DV et après s’être arrêtés bien sûr.

  • Ne jamais lâcher la cordelette sans le consentement de votre partenaire.

Le guidage sans cordelette : un DV peut choisir de courir sans cordelette 

  • Un non-voyant peut demander de tenir son guide au niveau de l’avant-bras. Dans ce cas, vous serez encore plus proches. 

  • Un mal voyant peut aussi souhaiter d’être guidé en courant à côté de son guide

Les principales consignes du guidage

  • La technique du « 3, 2, 1, lève ! » est recommandée pour franchir les obstacles au sol (exemples : trou, faux-plat, dos d’âne…)

  • Pour les obstacles en hauteur telle qu’une branche d’arbre : « branche, baisse ta tête ! »

  • Lorsque vous rencontrez une marche ou un trottoir comme obstacle, il est important de les prendre toujours de face et en aucun cas en biais afin d’éviter de se fouler la cheville. Une marche moyennement basse nécessite un ralentissement alors qu’une marche très haute ou très basse exige un arrêt complet pour éviter la chute

  • Bien mentionner « marche montante » ou « marche descendante » (il en va de même pour le trottoir) et se positionner légèrement devant le DV pour lui faire ressentir la différence de niveau

  • Pour un faux plat montant ou descendant, même si dénivelé très faible, l’annoncer car le pas n’est pas le même

  • Pour un virage léger, se contenter de l’annoncer « virage à droite » ou  « virage à gauche » 

  • Pour un virage plus courbé ou en épingle à cheveux, au moment de l’entrée dans le virage, prendre le poignet du DV afin de l’orienter plus précisément (au lieu de tirer sur la cordelette)

  • Pour passer une barrière (ou chicane), ralentir légèrement en annonçant « barrière dans 10 mètres » et passer en premier en positionnant votre bras lié vers l’arrière pour que votre partenaire DV suive. Il en va de même pour le passage étroit. Rester devant le DV jusqu’à ce que le chemin devienne plus large.

  • Informer des changements de terrain : du bitume à un sentier, de la terre à de l’herbe, de la route vers des pavés…

  • Sur un passage étroit tel qu’un chemin monotrace, le guide passe en premier et tient le DV par la main derrière lui

  • Positionner autant que possible le DV sur la trace la plus confortable

  • Pour se perfectionner, le guide peut faire l’expérience de se bander les yeux, en demandant à un proche de le guider sur une courte séance. Cela permet de mieux comprendre les informations dont on a besoin et la manière de les exprimer

L’échange au sein d’un binôme

  • Il est important de s’assurer régulièrement que le rythme convient à votre partenaire. Par principe, le guide se cale sur l’allure de la personne guidée 

  • Décrire ce qui se passe autour de soi enrichit la qualité de la relation et de l’échange. Ne pas hésiter à expliquer les conditions météorologiques, le cadre dans lequel on évolue, les découvertes dignes d’intérêt

  • Souvent les déficients visuels souhaitent avoir des données de performance sur la sortie (vitesse, distance, vitesse moyenne, dénivelé…). Ne pas hésiter à partager ces informations en direct si le guide dispose d’une montre connectée 

  • Encourager son partenaire est toujours apprécié 

Le guidage en compétition

  • Tous les conseils précédents s’appliquent à un course en compétition

  • Arriver tôt car la logistique peut être un facteur de stress inutile

  • Accompagner votre partenaire au dépôt de ses affaires à la consigne

  • Fixer le dossard de votre partenaire

  • Départ anticipé : certaines courses permettent aux binômes de partir en premier avant le 1er sas, ce qui permet de se lancer sereinement. Penser à se renseigner auprès de l’organisateur

  • Garder sa ligne en serrant de préférence sur la droite 

  • Eviter de serrer de trop près les autres coureurs

  • Lors des ravitaillements, récupérer le gobelet d’eau et les aliments souhaités par votre partenaire

  • Echanger sur le kilométrage

A l’issue de la séance

  • Ne pas abandonner votre partenaire avant la fin de la sortie et le raccompagner au point de rencontre initial

  • Partager vos résultats : durée, distance, vitesse… 

  • Echanger sur les points positifs et les points à améliorer à l’occasion d’une prochaine sortie